Le Centre Universitaire de Charleroi (CUNIC) a organisé le 22 août 2011 un colloque dans le cadre de la 16ème Université d’été des formateurs d’adultes. Une occasion de présenter mes thèses en matière d’interaction des technologies et des pédagogies.
Les technologies dans la formation : entre mirage technologique et virage pédagogique ?
Les questions relatives aux impacts du numérique dans l’éducation et la formation font couler beaucoup d’encre. Entre discours enthousiasmants et déconvenues fracassantes, entre les potentiels des TICe et les nécessités de faire évoluer leurs contextes d’implantation, il est bien difficile de tracer un cheminement fertile pour que nous, humains, ne restions pas au bord des autoroutes de l’information qui nous submerge et de la communication qui nous épuise. Il ne s’agit pas d’ajouter une couche technologique aux habitudes de transmission des savoirs prises à l’époque où le livre était rare.
Pourtant, les recherches entreprises autour du phénomène du « No Significant Difference » montrant le peu d’impact des approches restées traditionnelles « autour » des nouveaux outils, les préceptes des sciences de l’éducation pour une pédagogie centrée sur l’apprentissage devraient nous éclairer. Parmi les conditions qui émergent de ces études, celle de l’alignement, de la cohérence entre les objectifs (aujourd’hui les learning outcomes), les méthodes mises en place pour les atteindre et les évaluations de cette atteinte par les étudiants (Biggs, 2003) devrait nous éclairer : il y manque, selon nous, les outils qui portant imprègnent ces piliers de la construction de dispositifs à valeurs ajoutées. En effet, les objectifs exprimés en termes de compétences (recherche d’information, esprit critique, travail d’équipe, communication …) sont colorés par le numérique; les méthodes orientées vers l’apprentissage effectif seront soutenus par ces mêmes outils. Dans cet ordre d’idée, nous avons bien montré, dans le contexte des usages de la plateforme Claroline, que les perceptions des étudiants quant à la qualité des apprentissages dépendaient des usages effectivement mis en place par les enseignants. Sont-ils transmissifs, incitatifs ou alors interactifs ou encore une combinaison de ces usages ? Continuer à faire ce qu’on faisait « avant » en plus et en même temps que ce qu’il faudrait faire aujourd’hui, à l’heure de la génération « C » ou « Y » conduira à une surcharge cognitive à l’échelle planétaire. Un changement de paradigme s’impose à tous les échelons : étudiants devenus apprenants, enseignants devenus créateurs de dispositifs pour favoriser l’apprentissage, citadelles du savoir au monopole perdu.
A la recherche de cette cohérence incluant désormais les outils des TICe, à la frontière des compétences énoncées mais auxquelles on ne forme pas vraiment et qu’on valide rarement, dans l’optique d’une formation qui « apprend à apprendre toute la vie durant », le besoin d’un modèle pragmatique d’apprentissage auquel se raccrocher se fait sentir. Il se veut un guide du cheminement dont nous avons parlé, de cette mise en place progressive de l’innovation qui ne se décrète pas. Ces mutations sont lentes et le danger de fossilisation des pratiques nous guette. Les enjeux sont énormes et finalement « les technologies nous ont condamnés à devenir intelligents » (M. Serres).
Vous trouverez ci-dessous la KeyNote que j’ai donnée à cette occasion :
Pour les nouveaux venus sur ce site, voici les différentes parties d’un exposé similaire :
Cohérence pédagogique et Question(s) d’objectif
Allons-y avec méthodes : un modèle pour l’apprentissage
Au tour des outils maintenant !
et un petit complément :
Motivation(s) et interactions(s) : deux moteurs
L’article sur les Learning Outcomes se trouve ici.
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Bonjour,
Je vous remercie de partager vos interventions et réflexions ainsi.
Vos exposés et vos articles sur ce blog contribuent à l’amélioration de mon travail quotidien au sein d’une université et à nourrir mes réflexions.
Vous suggérez de vous mentionner si nous avons aimé alors oui j’aime, non seulement cet article, j’aime le conditionnel dans vos interventions et cette idée de potentialité et j’aime aussi votre manière de vous exprimer, vous parlez à tous et pour tous, ce qui est très agréable et compréhensible (si tous les chercheurs communiquaient comme vous, la recherche passionnerait bien davantage). Je vais tout de même pas aller jusqu’à créer une fan page Marcel Lebrun sur Facebook mais je suis sûre que plus d’un pouce se lèverait!!
Alors merci,